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Après avoir fait découvrir l’Entreprise libérée (Liberté et Cie, par Isaac Getz et Brian M. Carney, Fayard 2012), Isaac Getz (avec son complice Laurent Marbacher) nous emmène au pays de l’Entreprise altruiste.

Il présente sous forme d’histoires et d’anecdotes des entreprises très variées qui ont placé inconditionnellement la finalité sociale (ou sociétale) en premier, la performance économique n’étant plus une finalité mais une conséquence.

On y trouve une importante laiterie française qui rémunère ses fournisseurs le double du prix du marché, un grand laboratoire pharmaceutique japonais coté en Bourse qui a remplacé dans ses statuts les profits par l’émotion des patients et de leur famille, une entreprise d’accueil de séminaires qui traite ses clients en amis, une importante clinique privée qui fait de même avec ses patients, une banque suédoise qui a placé la confiance et le respect au sommet de ses valeurs, et renoncé à la centralisation et aux reportings, une fromagerie de Lozère,…

Toutes ces entreprises agissent avec un respect profond de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs employés, des territoires dans lesquels elles opèrent, et elles ont toutes, semble-t-il, de bons résultats économiques.

L’ouvrage présente ainsi le parcours du dirigeant pour s’engager dans cette voie :

  • Assurez-vous que vous êtes un leader qui vit une seule vie et pas deux (professionnelle et personnelle) et travaillez sur vous-même,
  • Prenez le temps de co-construire avec vos salariés une vision, une raison d’être de votre entreprise tournée vers la création de valeur sociale,
  • Arrêtez de viser la création de valeur économique et ne tentez même pas de le faire en parallèle de la création de valeur sociale,
  • Transformez avec vos salariés les pratiques organisationnelles et les activités de cœur de métier de votre entreprise pour qu’elles puissent servir l’Autre inconditionnellement.

L’entreprise altruiste se situe au terme d’une évolution des pratiques visant à concilier les intérêts économiques de l’entreprise et la création de valeur sociale : au début ce sont des actions de philanthropie ou de mécénat, puis vient la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) où l’orientation sociale devient une contrainte qui s’ajoute au fonctionnement classique de l’entreprise pour lui imposer de respecter certaines normes, sans rien changer à sa finalité première qui reste économique, au palier suivant ce sont diverses approches (shared value, conscious capitalism, …) où les entreprises visent simultanément valeur économique et valeur sociale, et enfin, l’aboutissement c’est l’entreprise altruiste : la finalité unique de l’entreprise est la poursuite inconditionnelle de la génération de valeur sociale ; la performance économique n’est plus la finalité principale, c’est une conséquence ; on repense toutes les activités du cœur de métier et aussi et surtout le mode d’organisation.

Alors, utopie, socialwashing, nouvelle mode managériale ? Après tout, les entreprises libérées chères à Isaac Getz ont bien connu quelques déboires. Mais ce qui est rassurant ici, c’est que les entreprises citées dans l’ouvrage sont portées par des dirigeants qui ont montré de grandes qualités humaines, qui ont agi avec courage et ont été mus par la confiance (c’est un des maîtres mots de l’ouvrage). Ajoutons l’importance d’avoir une vision et de remettre en cause les dogmes établis pour trouver des solutions innovantes.

 A l’heure où la loi PACTE reconnaît le statut d’ « entreprise à mission », il est intéressant de constater l’existence de telles entreprises, et même sous une forme encore plus radicale que ce qui est proposé.

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