Category: Creativity

Recherche Altermakers : Comment expliquer que les pays dirigés par des femmes aient globalement mieux géré la pandémie COVID-19 ?

Temps de lecture estimé : 4 min

Chez Altermakers, nous avons été surpris par un article de Forbes du 13 avril 2020. Le journaliste soutient en effet que les femmes gèrent mieux la pandémie de Covid-19 dans les pays qu’elles dirigent. Il l’explique par leur nature, qui les pousserait plus vers les politiques du « care », l’empathie et la prudence. Quelques membres du collectif ont voulu creuser cette question, aller plus loin.

Les femmes sont-elles vraiment plus aptes à gérer une pandémie ?
Ou bien, comme nous en faisions l’hypothèse avant de commencer notre recherche, existe-t-il des conditions communes à l’accession des femmes au pouvoir, d’une part, et à la bonne gestion d’une pandémie, d’autre part ?

Comment les femmes arrivent-elles au pouvoir dans le secteur public ?

Les pays gouvernés par des femmes réunissent un ensemble de conditions communes, dont on verra plus tard qu’elles ont souvent été nécessaires à une bonne gestion du Covid-19. Inclure les femmes en politique suit un processus complexe, car leur exclusion de celle-ci en est un élément constitutif (lire Habermas). Pour cela l’État se doit d’être fort et engagé dans la promotion de la parité. Il peut se servir d’instruments législatifs : les quotas paritaires. On les retrouve dans les assemblées mais aussi dans les conseils d’administration des grandes entreprises. L’expérience montre que les quotas, quand ils sont appliqués avec des sanctions, sont extrêmement efficaces.

Les services de l’Etat s’engagent aussi au quotidien dans l’éducation des enfants mais aussi par le biais des prestations sociales de l’État-providence. Celui-ci, on va le voir, est aussi une des conditions principales de la bonne gestion du Covid-19.

Les pays scandinaves, avec leur culture de l’égalité et leurs instances démocratiques ont pris en compte ces revendications féministes depuis bien longtemps ! La Norvège par exemple a agi sur le plan législatif très tôt : le droit de vote des femmes a été accordé dès 1913, et l’État promeut de façon active la féminisation des sphères du pouvoir, grâce à des quotas obligatoires et ambitieux. Les institutions du pays jouent aussi un rôle sur le plan culturel, avec la mise en place de campagnes de sensibilisation télévisuelles où l’on voit par exemple les hommes pratiquer du cheerleading (une activité, souvent très féminine, où une équipe sportive est encouragée par des danseurs).

Ces pays ont donc vu se développer une culture de l’égalité et prennent en compte les profils de tous les horizons. Les relations entre l’État et les citoyens sont donc basées sur la confiance. On va voir que ces éléments sont décisifs pour sortir la tête haute de la crise du Covid-19. Mais allons voir ce qu’il se passe à l’intérieur d’une société paritaire, dans le monde de l’entreprise.

Et que se passe-t-il dans le monde de l’entreprise ?

L’accès des femmes au pouvoir est aussi largement conditionné par l’État-providence. Celui-ci permet une prise en charge des enfants, au service de l’émancipation des femmes. On a par exemple vu en Norvège la mise en place de congés de paternité obligatoires et d’un vaste programme de construction de crèches.

On sait également que les organisations qui ont traversé des crises sont plus promptes à porter des femmes au pouvoir, la compétition étant moins forte dans ce cas (la compétition entre hommes mais aussi, bien sûr, entre les hommes et les femmes).

Enfin des éléments de culture entrent en compte. D’abord un capitalisme soft voit les hommes moins écraser leurs collègues féminines. Il faut ensuite considérer l’importance d’une culture d’inspiration « écologiste » dans certains pays, où le collectif prime, avec une forte inclusivité et un accent mis sur la créativité et le pragmatisme. Cela va être un atout énorme pour garder la tête froide et prendre les bonnes décisions quand le virus frappera.

Lorsque la vie personnelle est mise en valeur par rapport à la vie professionnelle, comme dans les pays scandinaves, on voit aussi une augmentation de la parité.

Selon Equileap, L’Oréal est l’entreprise la plus paritaire du monde. Les femmes de l’entreprise ont accès aux mêmes promotions et aux mêmes fonctions que les hommes, et les inégalités salariales sont inexistantes.

Maintenant que nous venons de voir les conditions de la réussite des femmes dans une société (dans le secteur public et dans le secteur privé) nous allons les mettre en rapport avec celles qui ont permis à certains pays de bien gérer la pandémie.

Quelles sont les conditions de succès dans la gestion de la pandémie de COVID-19 ?

Nous avons d’abord dégagé deux types de réponses efficaces face au Covid-19.

La première est autoritaire. Elle concerne souvent des États aux PIB et aux IDH moins élevés, avec des systèmes politiques plus autoritaires, où la liberté d’expression est limitée. Ce sont des sociétés plus patriarcales, et la confiance entre les citoyens et le gouvernement y est souvent plus faible. Ces pays ont mis en place des confinements stricts, généralisés et longs. Ceux-ci ont souvent été accompagnés d’une surveillance policière accrue et parfois de traçage numérique.

On peut par exemple citer l’exemple roumain. Le pays qui a une expérience démocratique récente et chancelante a imposé un confinement strict avant même que le premier décès ne soit enregistré. Seulement 7% des roumains pensent qu’ils « peuvent avoir confiance en la plupart des gens » (World Values Survey), et le pays se caractérise par un PIB par habitant plus faible, un taux de criminalité plus élevé, et des infrastructures hospitalières mal équipées. On voit que ces sociétés peu inclusives ont dû réagir d’une façon plus brutale.

La deuxième réponse est plus souple, et se trouve souvent dans les pays qui portent des femmes au pouvoir. Elle a été apportée surtout dans des pays démocratiques, avec des IDH et PIB élevés. Leurs citoyens bénéficient d’une couverture sociale assurée par l’État-providence, et leurs institutions sont représentatives et transparentes, on l’a vu pour les pays Scandinaves.

Certains de ces pays ont également déjà vécu des crises similaires (on peut penser au SRAS pour la Corée du Sud). Ces sociétés sont souvent plus égalitaires, et une confiance forte règne entre les citoyens et leur gouvernement. Elles présentent une plus grande adaptabilité au changement, une plus grande résilience.

Cette réponse souple s’est caractérisée par un appel au civisme, des règles de distanciation sociale plus souples, et des confinements localisés et temporaires. On peut citer l’exemple de la Corée du Sud qui a eu recours à des mesures ciblés (uniquement Daegu par exemple), ou des Pays-Bas qui ont invité et non contraint la population à rester chez elle.

Pour conclure par rapport à l’article de Forbes.

L’article de Forbes Pour conclure par rapport à l’article de Forbes.montre bien une corrélation positive entre une femme au pouvoir et une gestion efficiente de la crise. Il se trompe, selon nous, en y voyant un lien de causalité direct.

Ce n’est pas la nature de la femme qui lui permet de surmonter le Covid-19. Au contraire, une femme au pouvoir est le signe d’une société qui réunit les conditions d’une réponse souple. En effet ces États sont plus instruits, démocratiques et ont une pluralité d’individus au sein du pouvoir, ce qui permet à ces nouveaux leaders de confronter toutes les visions et d’en tirer le meilleur. Leur culture est moins imprégnée par des stéréotypes de genre, favorisant la prudence, l’inclusivité, la transparence et l’humilité.

Les dirigeantes féminines ont aussi un coût politique moindre à prendre des décisions prudentes, puisqu’elles n’ont pas à dépasser le biais du genre masculin (virilité, force, domination), qui se doit de montrer toujours l’image d’un homme fort. Un Trump niant le virus et refusant le confinement flatte son électorat. Au contraire, une Jacinda Ardern exprimant son inquiétude en live Facebook et déclarant un confinement strict n’a pas atteint son image politique.

Ainsi les pays gouvernés par des femmes ont-ils en effet mieux répondu à la pandémie. Nous venons de montrer que les conditions qui permettent à une femme d’arriver au pouvoir au sein de l’Etat et en entreprise permettent aussi à un pays de mieux gérer une pandémie. Ces États sont aussi plus stables, et surtout sont mieux préparés aux prochaines crises.

Avons-nous découvert avec la crise du Covid-19 un nouveau type de leadership, plus inclusif et diversifié ?

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Fiche de lecture : Libres d’Obéir, le management du nazisme à nos jours de Johann Chapoutot

Temps de lecture estimé : 4 min

 Dans cet essai incisif, Johann Chapoutot, célèbre historien du nazisme, se penche sur la pensée managériale du régime, et sur ses prolongements dans l’ordo-libéralisme allemand. Il cite le parcours biographique de Reinhard Höhn. Cet universitaire du régime nazi, qui sera fait général à la fin de la guerre, fut un des principaux idéologues du régime. Après 1945, il fonde l’école de management de Bad Harzburg, qui formera plus de 700 000 cadres jusqu’en 2000. Johann Chapoutot montre que sa méthode de management a eu de profondes répercussions sur le management moderne.

Il commence d’abord par étudier la pensée de Höhn et de ses collègues nazis. Pour la plupart des allemands, l’État nazi n’était en effet pas un gigantesque camp de concentration à ciel ouvert. Loin des poncifs du fonctionnaire hurlant sur ses subordonnés, l’on voit que les nazis réfléchissaient à d’autres moyens d’assurer la production. Les leaders du parti avaient peur d’une révolution et d’un effondrement de la productivité.

En effet, la cadence de travail était infernale, et l’on utilisait souvent la comparaison à l’URSS pour justifier du sort enviable des ouvriers allemands. Pour cela ils ont investi massivement dans l’éclairage et la ventilation des usines mais aussi dans un large programme de divertissements et de bien-être ouvrier. On peut citer par exemple les paquebots de croisières ou les colonies de vacances, qui leur étaient destinés. Les nazis envisagent le loisir sous le prisme du travail, vu comme un moyen d’augmenter la productivité. Ils ne rechignaient pas non plus à doper ouvriers et soldats aux amphétamines.

Johann Chapoutot montre ensuite que les nazis sont parmi les premiers à penser un modèle de « nouvelle gestion publique » de l’État. Ils vont établir une gestion indifférenciée entre administration publique et privée. En effet ils désacralisent l’État, et le mettent en concurrence avec de multiples agences : les nazis sont des anti-étatistes convaincus ! Ainsi l’État est vu comme un outil, qui doit être efficace et dynamique. L’État n’est plus une fin, mais un moyen, qui évolue dans des dynamiques concurrentielles, comme une entreprise. Déjà on parle « d’élasticité » et de « performance ».

Höhn pense aussi le management de l’individu. On ne parle plus d’un État avec ses sujets, mais d’une « communauté du peuple », dont les individus ne sont plus que les membres joyeux d’un tout. Ainsi ils ne peuvent être que forcément libres, dans une communauté égalitaire. On supprime ainsi toute lutte dans la société, qui devient un paradis de participation volontaire. Cette idée est concomitante de la triade du racisme, de l’eugénisme et du darwinisme social. Ce cocktail va conduire à toutes les exactions, dans le but de purifier la « communauté du peuple », qui ne sera juste et sans violence que lorsqu’elle ne sera plus qu’un tout homogène. L’on écarte ainsi récalcitrants raciaux et politiques, et ce dès 1933.

L’effondrement de l’Allemagne en 1945 ne marque pas la fin de ces idées. Höhn et les « anciens » de la SS prodiguent leurs conseils à l’Allemagne de la croissance, les débarrassant de toute référence antisémite et raciste. Passionné d’histoire militaire, Höhn en transpose certains principes de terrain dans l’entreprise.

La méthode de son école de Bad Harzburg est celle d’une « délégation de responsabilité ». Au lieu de définir la fin on doit calculer les moyens. Cela veut dire que la direction donne une directive et que les cadres inférieurs sont autonomes dans sa réalisation, tant que l’objectif est atteint. Cela leur donne donc une responsabilité totale, car un échec serait entièrement de leur fait. Ce système qui doit donner liberté et autonomie dans un cadre précis, peut vite s’avérer pervers, car on transfère la responsabilité sur l’individu. Le géant de la distribution Aldi a ainsi été dénoncé ces dernières années pour ses méthodes oppressives de management.

Si à partir de 1971 les révélations de son passé SS et l’évolution de la théorie du management ont discrédité la méthode de Bad Harzburg, la trouvant finalement terriblement autoritaire et bureaucratique, son héritage reste prégnant. Reinhard Höhn a non seulement formé plusieurs générations de cadres du privé, mais aussi ceux de la Bundeswehr. La hiérarchie a changé de signification, mais elle existe toujours, transformant les subordonnés en collaborateurs, censés être autonomes. Ceux-ci se fondent dans la communauté de l’entreprise, sous d’apparents rapports égalitaires qui éliminent toute lutte interne.

Cette méthode participe d’une société qui vante les mérites du productivisme individuel, où l’on doit se battre pour réussir L’ancien SS a transposé le darwinisme social du camp d’extermination à l’entreprise. Sa méthode fut finalement très hiérarchique et autoritaire, car le cadre est libre de réussir une mission qu’il n’a pas décidée. D’autres méthodes allaient la rendre caduque, comme celle du management par les objectifs.

Les nazis ont donc utilisé pour leur projet archaïque et sauvage tous les instruments de la modernité. Ils ont été l’émanation de leur monde contemporain, le symbole de la modernité et pas du passé.

Et finalement, aujourd’hui encore, à l’heure de la tyrannie du bonheur au travail, sommes-nous tous libre d’obéir ?

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Fiche de lecture : Survivre aux crises, Jacques Attali, Fayard 2009

Temps de lecture estimé : 5 min

Jacques Attali, auteur prolifique, a écrit cet ouvrage au lendemain de la crise financière et économique de 2008.

Son propos n’était pas d’exposer un programme politique pour résoudre cette crise et toutes celles qui viendront, mais de suggérer des stratégies permettant de « chercher des fissures dans l’infortune » (selon l’expression de Lao She) pour survivre (sur-vivre) aux crises.

Il m’a semblé intéressant de le relire à la lumière de la crise actuelle (coronavirus, 2020)

Survivre aux crises, celle de 2008 comme celles qui suivront, qu’elles soient financières, économiques, énergétiques, écologiques, sanitaires, politiques, militaires – et il y en aura, déclare Jacques Attali, c’est-à-dire en sortir en meilleur état qu’à l’entrée est possible, à condition d’en comprendre la logique et le sens, de se servir des connaissances nouvelles, d’admettre qu’on n’a plus rien à attendre de personne, de telle ou telle réforme générale, de telle grâce ou de tel sauveur, mais de se prendre en main en adoptant d’audacieuses stratégie de survie personnelle. Elles sont au nombre de 7, et s’appliquent aux individus comme aux entreprises, voire aux nations et même à l’humanité.

Pour Jacques Attali une crise est une brutale rupture résultant d’une accumulation paroxystique de déséquilibres. Elle se termine soit par le retour à l’équilibre antérieur, soit par l’établissement d’un autre équilibre à l’intérieur de la même forme économique, soit par l’émergence d’une nouvelle forme.

Jacques Attali se livre ensuite à une analyse de la crise de 2008, puis dresse un tableau des tendances de fond pour les 10 années suivantes : explosion démographique, progrès technique des NBIC (nano, bio, information, cognition), amélioration de l’efficacité dans l’usage de l’énergie et des matières premières, émergence de nouveaux métiers, basculements géopolitiques (suprématie de l’Asie et de l’Afrique sur les Etats-Unis et l’Europe), concluant à l’avènement d’un monde polycentrique et morcelé (une mondialisation désordonnée), sans que l’on ait réussi à mettre en place des instruments de gouvernance globale, conduisant au renforcement de formes corporatives de coordination. Sur le plan idéologique, la liberté individuelle restera la valeur dominante, avec poursuite de l’envahissement de l’économie par le marché et extension de la démocratie. Les puissants seront de plus en plus puissants et déloyaux, les faibles de plus en plus vulnérables. Le pouvoir restera aux mains des financiers entraînant ceux qui n’en ont pas à chercher des stratégies de survie. Au lecteur de vérifier si ces prédictions se sont réalisées !

L’auteur décrit ensuite ces stratégies de survie.

Les stratégies passives : « le pire est vraisemblable, il ne sert à rien de se battre ». Elles se manifestent à travers quatre attitudes : le renoncement à soi, dans le déni et le laisser aller, le renoncement au monde : on se « débranche » ou on finit dans un monde virtuel, la repentance et la culpabilité conduisant à l’austérité, voire à la mortification, et l’espérance en autrui : hommes de pouvoir, main invisible du marché, Dieu, …

Les stratégies positives collectives à caractère politique : elles tentent de modifier les règles du jeu. Ce sont : l’exaspération : dénoncer les scandales par des discours politiques pas toujours suivis d’action, l’action politique par l’engagement et le militantisme, et la révolution.

Enfin, les stratégies positives à caractère personnel. L’expérience de stratégies anciennes de survie, ainsi que l’observation de l’évolution des espèces inspirent à Jacques Attali des techniques de survie qui se résument ainsi : la survie se joue sur le long terme vs l’instant présent, sur les dépassements vs la conservation, sur la diversité vs l’unité, sur l’audace vs la prudence, sur la construction de soi vs la destruction des autres, sur la coopération vs la compétition.

Il en tire ses 7 règles, qui se déclinent au niveau des individus, des entreprises, et même des nations, voire de l’humanité, et qui se pratiquent dans l’ordre :

  1. Avoir conscience de soi : RESPECT
  2. Vouloir durer : INTENSITE
  3. Comprendre son environnement : EMPATHIE
  4. Résister aux menaces : RESILIENCE
  5. Se renforcer par elles : CREATIVITE
  6. Pouvoir changer radicalement : UBIQUITE
  7. Être préparé à « larguer les amarres » : REVOLUTION

La déclinaison au niveau de l’individu :

  1. RESPECT se respecter, sans honte ni haine de soi, ne rien attendre de personne, définir ses propres valeurs, les afficher, les mettre en œuvre, force intérieure et travail sur soi
  2. INTENSITE se préparer à vivre intensément le temps qu’il reste, prendre grand soin de son corps et de son esprit, chercher sa vocation, construire un projet (une vision de soi), à 20 ans, à réinventer sans cesse
  3. EMPATHIE se faire une opinion personnelle du monde en se mettant à la place des autres, en comprenant leurs valeurs, pour évaluer les menaces, développer curiosité, écoute, humilité
  4. RESILIENCE une fois les menaces identifiées, se donner les moyens de ne pas pâtir de leur occurrence, vérifier sa capacité à ne pas dépendre d’un seul métier, d’une seule ressource, constituer des réserves, des défenses
  5. CREATIVITE transformer les menaces en opportunités, les manques en sources de progrès, pensée positive, refus de la résignation
  6. UBIQUITE se préparer à changer radicalement, à mener plusieurs vies successivement, être mobile, sans renoncer à ses valeurs
  7. REVOLUTION si rien de ce qui précède ne suffit pas à assurer la survie, se préparer à s’affranchir des lois et conventions

Appliquées à l’entreprise, ces règles sont valables, en mettant l’accent sur certains points : identifier ses valeurs, être loyal avec ses salariés et ses partenaires, se penser dans la durée, élaborer sa vision, faire preuve de créativité, diffuser la culture de la résilience et de l’innovation partout dans l’entreprise, être flexible et agile.

Commentaire

Jacques Attali a écrit un livre foisonnant et parfois redondant qui n’est pas vraiment un manuel pour vivre une crise, mais pour y survivre. On n’y trouvera pas par exemple de conseils d’ordre psychologique pour supporter une crise. Ses 7 règles doivent être vues comme des principes de vie permanents. On en retiendra surtout l’importance des valeurs, de la vision, de la créativité et de l’agilité.

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Fiche de lecture : D’où viennent les bonnes idées ? Juliette BRUN, DIATEINO 2019

Temps de lecture estimé : 2 min

Juliette Brun est polytechnicienne, diplômée de l’École des Mines de Paris, chercheuse et consultante en management de l’innovation. Son ouvrage n’est pas un manuel de créativité, mais une présentation des mécanismes du cerveau qui empêchent de générer facilement des idées nouvelles, et des moyens de les surmonter.

Elle rappelle d’abord pertinemment ce qu’est une innovation : une invention qui a trouvé son marché. La bonne idée ne devient innovation que lorsqu’elle a atteint son destinataire, et cela même s’il n’est pas connu à l’avance. Le domaine dans lequel elle se place est celui de la conception d’objets innovants (« objets innovants non identifiés »), objet étant pris au sens le plus large : produit, service, processus, méthode, programme, …. Et trouver une idée nouvelle est une mission délicate ! Le cerveau est entraîné à opérer des choix entre des objets connus, et il ne sait pas trop par où commencer pour explorer l’inconnu.

Le principal obstacle à la créativité est la fixation (ou fixation fonctionnelle) : au fur et à mesure de ses expériences notre cerveau met en place des automatismes de pensée afin d’effectuer plus rapidement certaines opérations mentales. Très utile dans la vie quotidienne, ce mécanisme bloque la créativité.

Pour le surmonter, Juliette Brun fait appel à la théorie C-K, développée à l’École des Mines de Paris, qui repose sur un dialogue permanent entre l’inconnu, les idées (C=Concept) et le connu, les connaissances (K=Knowledge). Elle recommande que ce dialogue s’inscrive dans un processus à 3 temps inspiré d’IDEO : situer, explorer, expérimenter, et propose un outil : la carte Idées/Connaissances, où les idées sont représentées sous forme arborescente et les connaissances en vrac. A partir d’une formulation exprimant l’inconnu (« Imaginer un bateau volant »), on remplit progressivement cette carte Idées/ Connaissances.

Et qu’en est-il de la génération collective d’idées en Brainstorming ? Juliette Brun en rappelle d’abord les avantages (susciter l’adhésion, partager la vision) mais fait référence à une étude allemande prouvant que les idées produites par un groupe sont moins créatives que celles produites par des individus seuls. Ceci s’explique par deux phénomènes : l’effet de conformisme, qui correspond à la tendance à adopter les idées d’autrui afin d’éviter la confrontation, et la paresse sociale qui fait que plus il y a d’individus dans un groupe, moins chacun se sent responsable des résultats. Elle ajoute aussi l’effet des jugements négatifs. Parmi ses recommandations : éviter les groupes importants, prévenir les jugements négatifs, utiliser la méthode des 6 chapeaux de De Bono. Elle recommande de travailler en atelier, avec une préparation de la carte Idées/Connaissances et un déroulement en deux phases : partage des connaissances qui aboutit à des thématiques qu’elle appelle « concepts projeteurs », et génération d’idées. Enfin pour favoriser la créativité, elle recommande de faire jouer l’imaginaire, par exemple grâce aux personnages emblématiques (« que feraient Agatha Christie, Oncle Picsou, Maître Yoda, … ? ») et à la projection dans le futur (« imaginer d’abord la ville du futur avant d’imaginer une voiture innovante »).

Elle termine en évoquant les objets générateurs d’idées qui incitent les destinataires à co-créer, et insiste sur la place de l’émotion dans l’innovation, au rebours d’une conception trop rationnelle.

Un ouvrage facile à lire, illustré de nombreux exemples, avec un lexique très bien fait. Pas de révélations, nous y retrouvons certaines de nos pratiques, et il est intéressant de voir qu’elles reposent sur des mécanismes de fonctionnement du cerveau identifiés. Et il y a une présentation claire de la théorie C-K qui incite à l’essayer.

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Fiche de lecture : Where Good Ideas come from? The Natural History of Innovation, Steven Johnson, Riverhead Book 2010

Temps de lecture estimé : 2 min

L’auteur décrit 7 conditions propices à la créativité, en s’appuyant sur de nombreux exemples historiques:

  • L’erreur positive
  • Des plates-formes ouvertes
  • Des réseaux liquides et informels
  • L’«adjacent possible» (ou combinaison d’idées existantes ailleurs)
  • L’intuition lente (les innovations tombent rarement du ciel, mais demandent souvent une longue maturation)
  • La sérendipité (découvrir autre chose que ce que l’on recherche)
  • L’«exaptation» (ou adaptation de procédés proches ou analogues, comme le pressoir à vin par Gutenberg)

D’après lui, les innovations sont plutôt des assemblages et les innovateurs sont plus des « bricoleurs » que des « ingénieurs ».

« Ceux qui poussent les frontières du possible y parviennent rarement dans des moments de grande inspiration. Leurs concepts incubent et se développent lentement, parfois pendant des décennies. Ils sont imbriqués avec les idées et parfois les technologies, voire les innovations d’autres personnes ».

Cet ouvrage constitue en fait une actualisation attrayante de l’ancien ouvrage de référence d’Arthur Koestler, « le Cri d’Archimède ».

Il remet en cause le mythe bien français de « La Grande Idée Technologique trouvée dans un grand moment d’inspiration solitaire ».

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Fiche de lecture : L’ENTREPRISE ALTRUISTE, S’enrichir en donnant tout ! par Isaac GETZ et Laurent MARBACHER, Albin Michel 2019

Temps de lecture estimé : 5 min

Après avoir fait découvrir l’Entreprise libérée (Liberté et Cie, par Isaac Getz et Brian M. Carney, Fayard 2012), Isaac Getz (avec son complice Laurent Marbacher) nous emmène au pays de l’Entreprise altruiste.

Il présente sous forme d’histoires et d’anecdotes des entreprises très variées qui ont placé inconditionnellement la finalité sociale (ou sociétale) en premier, la performance économique n’étant plus une finalité mais une conséquence.

On y trouve une importante laiterie française qui rémunère ses fournisseurs le double du prix du marché, un grand laboratoire pharmaceutique japonais coté en Bourse qui a remplacé dans ses statuts les profits par l’émotion des patients et de leur famille, une entreprise d’accueil de séminaires qui traite ses clients en amis, une importante clinique privée qui fait de même avec ses patients, une banque suédoise qui a placé la confiance et le respect au sommet de ses valeurs, et renoncé à la centralisation et aux reportings, une fromagerie de Lozère,…

Toutes ces entreprises agissent avec un respect profond de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs employés, des territoires dans lesquels elles opèrent, et elles ont toutes, semble-t-il, de bons résultats économiques.

L’ouvrage présente ainsi le parcours du dirigeant pour s’engager dans cette voie :

  • Assurez-vous que vous êtes un leader qui vit une seule vie et pas deux (professionnelle et personnelle) et travaillez sur vous-même,
  • Prenez le temps de co-construire avec vos salariés une vision, une raison d’être de votre entreprise tournée vers la création de valeur sociale,
  • Arrêtez de viser la création de valeur économique et ne tentez même pas de le faire en parallèle de la création de valeur sociale,
  • Transformez avec vos salariés les pratiques organisationnelles et les activités de cœur de métier de votre entreprise pour qu’elles puissent servir l’Autre inconditionnellement.

L’entreprise altruiste se situe au terme d’une évolution des pratiques visant à concilier les intérêts économiques de l’entreprise et la création de valeur sociale : au début ce sont des actions de philanthropie ou de mécénat, puis vient la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) où l’orientation sociale devient une contrainte qui s’ajoute au fonctionnement classique de l’entreprise pour lui imposer de respecter certaines normes, sans rien changer à sa finalité première qui reste économique, au palier suivant ce sont diverses approches (shared value, conscious capitalism, …) où les entreprises visent simultanément valeur économique et valeur sociale, et enfin, l’aboutissement c’est l’entreprise altruiste : la finalité unique de l’entreprise est la poursuite inconditionnelle de la génération de valeur sociale ; la performance économique n’est plus la finalité principale, c’est une conséquence ; on repense toutes les activités du cœur de métier et aussi et surtout le mode d’organisation.

Alors, utopie, socialwashing, nouvelle mode managériale ? Après tout, les entreprises libérées chères à Isaac Getz ont bien connu quelques déboires. Mais ce qui est rassurant ici, c’est que les entreprises citées dans l’ouvrage sont portées par des dirigeants qui ont montré de grandes qualités humaines, qui ont agi avec courage et ont été mus par la confiance (c’est un des maîtres mots de l’ouvrage). Ajoutons l’importance d’avoir une vision et de remettre en cause les dogmes établis pour trouver des solutions innovantes.

 A l’heure où la loi PACTE reconnaît le statut d’ « entreprise à mission », il est intéressant de constater l’existence de telles entreprises, et même sous une forme encore plus radicale que ce qui est proposé.

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ALTER’WORK : Se nourrir autrement ! Le debrief + Interview Anne Moreau

Temps de lecture estimé : 5 min

Encore un Alter’Work de très bonne facture ce vendredi à en croire nos bar’o’mètres d’entrée et de sortie. Il faut dire que le sujet “Se nourrir autrement” nous concerne tous, et me passionne à titre personnel.

Nous avons fait quelques belles découvertes lors de la consultation menée cette semaine sur Linkedin mais aussi, pour une fois, sur Facebook et Instagram grâce à Chef Damien, membre du collectif Altermakers, qui a relayé nos questions pendant ses lives Instagram et Facebook. Nous étions donc plus de 200 à contribuer ! Vous retrouverez certaines de ces découvertes à la fin de cet article (partie 3).

1. INTERVIEW DE ANNE MOREAU, Psycho-nutritionniste

Pour clore la semaine en beauté, nous avons reçu Anne Moreau lors d’une interview en toute décontraction. Anne Moreau est diététicienne-psycho nutritionniste, engagée dans une transition alimentaire et écologique depuis 2016. Elle est une authentique maker puisqu’elle a passé son CAP cuisine en 2018 ! Sa mission est d’accompagner les personnes pour retrouver une relation sereine à leur alimentation et à leur corps, prendre soin d’elles et de la planète, en les reconnectant à leur être profond.

En parallèle de son activité de nutritionniste, Anne s’engage dans la transition alimentaire en accompagnant depuis 10 ans, les entreprises de l’industrie agroalimentaire dans leurs démarches RSE notamment.

Actuellement, elle dirige l’Institut Nutrition, fondation d’entreprise Restalliance, dédié à la connaissance du comportement alimentaire des plus fragiles.

Elle aussi gourmande que militante et nous étions ravis de la recevoir dans notre Alter’Work! Retrouvez son interview ci-dessous.

2. SYNTHESE DES CONTRIBUTIONS DE LA SEMAINE

Si vous avez des questions concernant cette consultation ou que vous êtes intéressé par le rapport en entier ou une présentation ad hoc, contactez moi directement.

3. LE THEME DE LA SEMAINE PROCHAINE

Suite à la consultation réalisée en fin d’Alter’Work, deux sujets tiennent la dragée haute : Nos libertés à l’heure du déconfinement? La décroissance? A l’heure qu’il est, mon coeur balance encore…

A la semaine prochaine et prenez toujours soin de vous !

Jean.

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ALTER’WORK : la responsabilité sociale de l’entreprise – utile à qui, utile à quoi ? (le debrief)

Temps de lecture estimé : 4 min 30

La Responsabilité Sociale de l’Entreprise était notre thème cette semaine, et vous avez été très actifs sur le salon textuel ALTER’AGIR de notre plateforme Discord. C’était un plaisir de vous lire et d’échanger avec une bonne dizaine d’entre vous.

Et pour finir en beauté, l’ALTER’WORK du vendredi soir a été marqué par un beau débat entre Marion Keroulin, consultante en stratégie RSE et Anne-Laure Alloncle, philosophe et militante de ATTAC que vous trouverez en version audio ci-dessous.

Commençons par une petite introduction historique...

La Responsabilité Sociale de l’Entreprise peut nous donner l’impression d’un concept nouveau et révolutionnaire et pourtant, elle a au moins 70 ans (si ce n’est plus).

Le terme est né dans les années 1950 aux Etats-Unis. Pour être tout à fait précis, on a d’abord parlé de la responsabilité des hommes d’affaire, dans le livre “Social Responsibilities of the Businessman” de Howard Bowen paru en 1953.

Pour ce qui est de la France, il faut lire le très beau discours d’Antoine Riboud en 1972il y a donc près de 50 ans. Le patron de Danone de l’époque y déclarait “La responsabilité de l’entreprise ne s’arrête pas au seuil des usines ou des bureaux.” D’autant plus remarquable que ce discours a été prononcé devant le CNPF (confédération des patrons = le MEDEF de l’époque).

On peut d’ailleurs remonter encore plus loin dans l’histoire. La RSE prend pour hypothèse que le capitalisme peut être moralisé « par le haut » c’est-à-dire, par ses élites, par ses dirigeants, et sur la base du volontariat. Et bien, cette idée remonte à la deuxième moitié du XIXème siècle, encouragée par la doctrine sociale de l’Eglise : c’est la naissance du paternalisme d’entreprise, les riches sont encouragés à pratiquer la charité et les bonnes oeuvres… Ce sont finalement des formes anciennes de RSE.

Donc c’est une idée qui revient de loin, et qui pourtant, nous séduit toujours. D’une part, la RSE permet de réparer des externalités négatives, et d’autre part, elle permet de créer du sens dans l’entreprise, et donc de motiver les parties prenantes, les salariés notamment. Réalité ou illusion?

Le débat de la semaine

Voici le débat entre Marion Keroulin et Anne-Laure Alloncle.

Et vous, êtes-vous pour ou contre la RSE? Dites nous ce que vous en pensez en commentaires.

Le brainstorming

Et si on renommait la direction de la RSE ?

Vous avez fait de nombreuses propositions créatives… Chief Purpose Officer? Administration du Greenwashing? Bureau de la Vision de l’Entreprise? Direction de l’Amour des Parties Prenantes? Il y a un consensus en tout cas pour dire que cette nouvelle direction doit être en fait la Direction Générale, tant la RSE se doit d’être une boussole pour la stratégie de l’entreprise dans son ensemble.

Le grand gagnant “Direction Générale de l’Engagement pour la Sauvegarde de l’Humanité”.

Le Bar'O'Mètre

Mission réussie pour cet Alter’Work.

Une fois n’est pas coutume, j’ai imposé le thème de la semaine prochaine qui sera “MANGER AUTREMENT”. Je vous mettrai à contribution bien sûr et je partagerai chaque soir les résultats de la consultation du jour sur notre plateforme Discord.

Pardonnez moi cette décision autoritaire, et rassurez vous : nous reprendrons la bonne habitude de l’expression démocratique la semaine prochaine, c’est promis !

Jean.

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4 critiques anticapitalistes dans la crise du coronavirus (balade sur les réseaux sociaux…)

Temps de lecture estimé : 2 min.

Par Jean Fox, fondateur du collectif Altermakers et chargé de cours “Contrer le capitalisme, des critiques aux alternatives”. Temps de lecture estimé: 14 min.

Pour tous ceux qui s’intéressent aux sciences sociales, à l’histoire des idées et à l’opinion, les crises sont des moments passionnants : des moments douloureux, c’est vrai, mais particulièrement féconds, porteurs d’espoir et de renouveau. Les crises éclatent toujours à la croisée des chemins entre un passé connu et dont on ne veut plus, et un avenir inconnu, qu’on voudrait différent et qui est à construire.

La crise du coronavirus permet la diffusion d’idées nouvelles avec peut-être plus de vigueur que les crises du passé et ce, par la conjonction de trois facteurs : d’abord parce que cette crise est vraiment mondiale, ensuite parce qu’elle concerne toutes les composantes de la société, et surtout, parce que les réseaux sociaux, surconsommés en situation de confinement, offrent un terrain d’expression à chaque citoyen.

Les temps sont donc propices à la créativité sous toutes ses formes : production d’idées nouvelles dans les milieux intellectuels, militantisme et combat dans les milieux activistes, prise de conscience dans les milieux économiques et citoyens. Pour les activistes, la crise est même une aubaine car la société, en recherche de solutions et de transformations, est particulièrement à l’écoute des critiques qu’ils formulent et des alternatives qu’ils proposent. Ils ont donc une audience importante et attentive, et finalement, ils peuvent espérer participer à l’émergence d’un nouveau statu quo, celui du fameux « monde d’après ».

Nous sommes donc partis à la rencontre de mouvements activistes sur la toile, dans le contexte de la crise du coronavirus, afin de donner quelques clés de compréhension et de décodage autour des grandes familles de critiques[1] qui s’expriment. Nous nous sommes concentrés sur des critiques qui prennent pour cible le système capitaliste, le monde de l’entreprise au sens large ou encore des entreprises nommément citées.

4 critiques cardinales à l’œuvre

Sur les réseaux sociaux, nous avons repéré quatre grands types de critiques anticapitalistes et anti-entreprises, déjà théorisés[2] puis enrichis[3] par Luc Boltanski et Eve Chiapello : la critique écologiste, la critique sociale, la critique conservatrice et la critique artiste.

Ces critiques, présentées dans le schéma ci-dessous, sont des « idéaux-types » d’arguments critiques plutôt que des catégories fermées. Dans les milieux activistes, elles s’allient les unes aux autres, surtout dans des temps de « convergence des luttes » et ne sont pas exclusives.

La critique écologiste, devenue mainstream... mais encore impuissante.

La critique écologiste (ou environnementale) est tout à fait centrale dans la crise du coronavirus. Il est en effet communément admis que les pandémies modernes trouvent leurs origines dans la déforestation ou encore dans la fonte du pergélisol. En progression continue depuis une trentaine d’années, c’est la critique majeure aujourd’hui, la plus visible.

Cette critique est traversée de deux dimensions :

– Une dimension anthropocentrique[4] d’abord, qui déplore les dérèglements environnementaux pour les dommages qu’ils occasionnent aux vies humaines, par exemple la dégradation de la qualité de vie et de la santé. C’est elle, combinée à une critique sociale, qui s’indigne des risques sanitaires encourus par les travailleurs mal protégés. On peut penser aux attaques contre Amazon ou contre PSA.

« Dans sa soif de profits, le groupe PSA veut redémarrer les usines. Pas pour fabriquer des respirateurs ou des masques, mais pour produire des voitures : 400 000 salariés retournent au travail. »

Les mouvements survivalistes, qui appartiennent à cette première famille, sont très actifs depuis le début de la crise. Ces derniers invitent à réfléchir à une autre politique environnementale. Deux éléments sont mis en avant :

1) le confinement est une aubaine pour l’environnement

« On parle de la catastrophe économique liée au coronavirus mais on ne parle pas assez des conséquences positives sur l’écologie. Ce virus permet à la terre de respirer un peu c’est un mal pour un bien. »

2) la solution aux pandémies est l’écologie et la protection de l’environnement

« Le coronavirus n’est ni la première ni la dernière épidémie à laquelle nous serons confrontés. La solution viendra de l’écologie et de la protection des habitats naturels. »

– Une dimension biocentrique[5] ensuite, qui elle, est antispéciste et prône donc l’égalité entre toutes les espèces du vivant. Les vegans sont la communauté emblématique de cette critique, traditionnellement très active sur les réseaux sociaux.

« Je me souviens quand je suis devenu vegan j’étais tellement naïve, je croyais qu’il allait suffire d’expliquer aux gens que les animaux souffraient et ils feraient quelque chose. Je ne savais pas que les gens étaient inertes, égoïstes et de mauvaise foi »

« En Chine, on noie des serpents dans de l’alcool pour avoir du digestif. On enferme des ours dans des cages pour extraire leur bile. Quand est ce qu’on va prendre au sérieux le bien-être animal et éviter une nouvelle épidémie …? »

La dénonciation de la déforestation et de la destruction des milieux naturels se trouve à la rencontre entre ces deux dimensions, anthropocentrique et biocentrique, et permet donc de mettre tout le monde d’accord.

A citer aussi, une entreprise particulièrement attaquée ces dernières semaines dans les milieux activistes : BlackRock, investisseur dans le pétrole et expert désigné pour accompagner la commission européenne dans l’élaboration d’un plan de finance durable. Dans la critique de l’économie carbonée toujours, plusieurs pétitions circulent pour demander le conditionnement des subventions à la mise en œuvre d’un plan de transition énergétique et climatique. Les milieux activistes s’attaquent par avance à d’éventuels plans de sauvetage de Vallourec (pétrole) ou Air France (aérien).

De toute évidence, la critique écologiste est celle qui a pris le pouvoir idéologique, les milieux capitalistes ayant d’ailleurs déjà commencé à l’apprivoiser et à composer avec elle depuis longtemps.

Dans la crise du moment, elle gagne encore en importance autour cette fois d’une valeur devenue centrale : le care[6] ou en traduction française, l’éthique de la sollicitude. Cette approche, née aux Etats-Unis dans les années 1980, prône un rapport plus humain, empathique et sensible à son prochain et par extension, à la planète.

Alors que cette critique est devenue « mainstream » c’est-à-dire, soutenue par une part très importante du corps social, on peut s’étonner qu’elle n’ait pas encore réussi à prendre le pouvoir. Y parviendra-t-elle un jour ?

Une critique sociale encore revigorée.

La critique sociale est historiquement très importante car elle est apparue dès la naissance du capitalisme pour tenter de le faire tomber. Elle s’indigne de l’oppression des pauvres dans un système consacré à la création de richesses. Longtemps « désarmée » par la société de consommation qui a mis en sommeil les revendications ouvrières, elle a repris de sa vigueur au cours des dernières années : on se souvient du mouvement Nuit Debout, des gilets jaunes, et tout récemment, du long conflit de la réforme des retraites qui a duré du 5 décembre jusqu’au confinement, sans compter celui des hôpitaux.

Depuis le début de la crise du coronavirus, la critique sociale s’est trouvée confortée dans la mesure où les inégalités et les injustices apparaissent aux yeux de tous. C’est elle qui dénonce les bas salaires en général et celui des personnels de santé en particulier, mais aussi celui des caissières, des éboueurs.

« ça commence à me gonfler les patrons de supérette qui n’achètent pas de gants à leurs employés, vous nous mettez en danger. En sortant faire mes courses j’ai dû d’abord aller à la pharmacie racheter une boîte de gants et la donner aux caissières de ma supérette. »

« Pourquoi les caissiers et caissières des grandes et petites surfaces ne sont pas protégés avec des masques, gants? Ils sont pourtant aux premières loges pour attraper le virus. »

Elle dénonce aussi la condition précaire des chauffeurs Uber et des livreurs Deliveroo.

« Est-ce que Deliveroo peut arrêter de m’envoyer des mails ? Je ne mettrai pas en danger des livreurs parce que j’ai envie d’un burger ! »

C’est cette critique sociale qui oppose les plus riches, cadres, qui peuvent travailler confinés dans des maisons agréables, aux travailleurs doivent risquer leur santé pour soigner, transporter les marchandises, vendre de la nourriture, permettre la survie et la reproduction des corps.

Tout comme la critique écologiste, la critique sociale est diverse elle aussi avec deux formes principales :

–         Premièrement, une critique de type marxiste ou étatiste, qui dénonce l’exploitation d’une classe par une autre et en appelle à l’action de l’Etat. On peut relever ici les critiques formulées à l’encontre de la grande distribution pour des augmentations de prix constatées ou supposées, (« Et en même temps, Auchan fait monter les prix et laisse une affluence telle dans ses magasins qu’on ne voit pas la différence avec la période d’avant le confinement. Il y en a qui font des affaires pendant les crises ! ») ou celles qui s’opposent au renflouement par l’Etat des entreprises privées en difficulté, indignées de « la privatisation des gains et la mutualisation des pertes » selon la formule de Michel Aglietta (« Nationaliser les pertes et privatiser les bénéfices ça s’appelle un braquage.»)

–         Deuxièmement, une critique social-libertaire. Elle critique le pouvoir et l’autorité voire l’autoritarisme, ainsi que la technologie qui aliène et tue les libertés. Elle est donc à l’œuvre quand il s’agit de s’indigner contre la surveillance des citoyens, et donc contre l’application de suivi des contacts post-déconfinement.

« J’en ai marre d’entendre l’argument Facebook des pro StopCovid. Avec des données personnelles, une entreprise va faire de l’argent alors qu’un gouvernement va faire du contrôle de population. »

« Le gouvernement travaille sur une application pour mettre la population sous surveillance. Ne tombons pas dans le piège ! Refusons le lancement de l’appli StopCovid qui menace notre vie privée »

Une variante importante de la critique sociale est la critique féministe, qui dénonce l’exploitation des femmes au sein de la société. Les féministes sont très actifs sur les réseaux sociaux pour dénoncer le fait que les femmes exercent plus souvent des métiers nécessaires sous-payés (caissières, infirmières, aides-soignantes…).

L’exacerbation du travail domestique des femmes est également mis en avant, puisqu’elles se trouvent en première ligne pour s’occuper des enfants et s’occuper de l’entretien de la maison et ce, même quand elles travaillent. Les inégalités de genre se trouveraient donc renforcées par le confinement.

« Visiblement les femmes, reconnues comme étant en première ligne dans la lutte contre le coronavirus, restent les absentes des décisions ! Ca ne présage rien de bon pour le “monde d’après”. »

La critique sociale dans son ensemble est aujourd’hui extrêmement forte, comme ce fût le cas au XIXème siècle. Et des réponses lui seront probablement apportées dans le nouveau statu quo qui se prépare. S’agira-t-il d’un compromis transitoire ou durable ?

Opérations "Gel & Masques" : la critique conservatrice en action

Née au XIXème siècle dans la noblesse réactionnaire[7] et nostalgique de l’Ancien Régime, souvent inspirée par la foi religieuse[8]la critique conservatrice défend les valeurs traditionnelles comme la famille, réputées mises en danger par la bourgeoisie et le capitalisme. Elle recherche la concorde civile, par opposition à l’antagonisme de classes, cher à la critique sociale qu’elle a en horreur. Elle milite pour que le pouvoir revienne aux plus vertueux, qui doivent faire œuvre de charité.

Aujourd’hui, les représentants les plus visibles de la critique conservatrice sont les activistes de la fameuse « responsabilité sociale de l’entreprise », concept né aux Etats-Unis dans les années 1920. Ils considèrent que le capitalisme peut et doit être moralisé « par le haut » c’est-à-dire, par ses élites. Le patron est appelé à se comporter en bon père de famille. Les voix les plus audibles de cette cause sont donc les grandes entreprises et les dirigeants eux-mêmes. Emmanuel Faber, PDG de Danone et figure moderne du patron social, a par exemple annoncé lors de cette crise que le groupe n’aurait pas recours au chômage partiel.

Plus largement, la plupart des entreprises du CAC40 ont multiplié dans les dernières semaines les actions de solidarité ou de participation à l’effort de guerre, de production de gel hydroalcoolique, de masques, etc… en cherchant à réaliser des investissements en termes d’image, probablement utiles pour l’avenir.

Il n’en fallait pas plus pour faire réagir les militants de la critique sociale, qui s’empressent de noter qu’elles feraient mieux de payer leurs impôts.

« BNP, Total, LVMH… toutes volent des millions aux budgets de nos hôpitaux: l’évasion fiscale de ces entreprises a un coût humain. Ce vol fiscal détruit nos services publics et nous met tous en danger! PAYEZ VOS IMPOTS ! »

Cette critique conservatrice est donc portée essentiellement par les élites capitalistes elles-mêmes, et a su s’allier avec le temps à la critique écologiste, à travers le retour à la terre et au local ou encore le respect de la vie.

Une critique artiste plutôt faible en soi… mais présente en actes

Cette critique, née à la fin du XIXème siècle[9], a été largement mise à l’honneur pendant et après mai 68[10]. Elle s’insurge contre le vide existentiel du capitalisme, la vulgarité et la bassesse de son projet (le commerce), la négation de l’individu au profit du groupe, ou encore la destruction de toute forme d’authenticité et de liberté intérieure. Elle a joué un rôle important dans l’émergence des mouvements anti-pub et anti-consuméristes[11].

Tout comme la critique conservatrice, elle s’est récemment alliée à la critique écologiste afin de continuer à porter : pour preuve, la recherche du « bonheur au travail » censé prévenir les risques psychosociaux, le « développement personnel » ou encore « l’intelligence collective » en entreprise, un concept inspiré de la nature qui a remplacé cette bonne vieille créativité.

Cette critique montre dans la crise actuelle quelques signes de vitalité, faibles toutefois, à travers :

  • une critique renforcée du système médiatique, par exemple contre le traitement de l’information par BFM TV, C NEWS

« Suffit de pas regarder #boycottBFM ! C’est vous qui parlez de BFM. Informez-vous sur des médias ne faisant pas du sensationnalisme, désinformation, lavage de cerveau »

« Les chaînes d’infos CNEWS BFMTV LCI Politique sont devenues des chaînes de désinformation »

  • ou encore contre TF1, dénoncée pour l’aide qu’elle sollicite auprès de l’Etat.
  • une critique de l’aliénation de l’homme, rendu esclave par le travail et la consommation et qui en oublie de vivre, de penser, de créer surtout en situation de télétravail.

« Elle est vraiment étonnante votre vision de l’Homme. On dirait qu’il n’existe que via la consommation sinon il n’est rien. On dirait que seule l’économie peut le définir alors que vous savez bien que la richesse de l’Être Humain réside dans sa conscience… »

A noter, si cette critique, créative par essence, reste aujourd’hui moins forte que les autres dans les discours militants, elle est bel et bien à l’œuvre pour nous proposer des « alternatives concrètes ici et maintenant » en situation de confinement.

On note sur les réseaux sociaux :

  • une redécouverte des plaisirs simples, authentiques et du « fait maison » avec une explosion des ventes et des conversations autour du bricolage, des travaux manuels, de la cuisine…
  • une reconnexion des individus à leur « vrai moi » à travers par exemple l’engouement pour la méditation.
  • le mouvement des makers est très actif et créatif dans cette crise.

« Un grand merci aux bénévoles du collectif Makers Vendéens qui se sont investis pour fabriquer et livrer 50 visières de protection aux salariés de la Caf de la Vendée. »

« bravo tous les “makers” qui se sont organisés pour produire des visières de protection pour toutes les personnes exposées qui se battent pour nous au quotidien »

On peut émettre l’hypothèse que cette critique, qui ne gagnera pas cette fois-ci, pourrait cependant reprendre de l’importance dans les années qui viennent car, même dans un monde écologiste, l’individu aura toujours besoin de s’exprimer.

Alors, être ou ne pas être anticapitaliste ? Parler ou se taire ?

Depuis plus de 200 ans, le capitalisme n’est pas parvenu à détruire ou à étouffer les critiques qui lui sont faites. C’est la raison pour laquelle il les intègre régulièrement en faisant un effort de transformationC’est précisément ce qui arrive lors d’une crise, pendant lequel les élites elles-mêmes font un effort de remise en cause. Contraintes ou forcées, mais la plupart du temps sincères et touchées par les arguments des mondes activistes, elles appellent des changements de leurs vœux et amendent in fine le système capitaliste pour le rendre plus acceptable. C’est probablement cela qui s’annonce.

Si l’histoire se répète, alors une fois encore, comme lors d’autres crises avant celle-ci, le capitalisme parviendra à se survivre à lui-même en se transformant, grâce aux argumentations anticapitalistes.

Dans ce cas, les anticapitalistes authentiques (qui souhaitent réellement mettre un terme à ce mode de production qu’ils jugent néfaste) devront se poser une question d’importance : doivent-ils continuer à s’exprimer publiquement, au risque de voir leurs critiques récupérées ? Ou vaut-il mieux qu’ils s’en abstiennent et qu’ils trouvent d’autres modes de communication ?

A moins que, cette fois-ci, les citoyens n’en décident autrement et ne congédient le capitalisme pour construire des alternatives concrètes, désirables et durables ?

Affaire à suivre…

Jean Fox.

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NOTES

[1] Au-delà des critiques, notre recherche aurait pu porter également sur les alternatives concrètes que les milieux activistes proposent, car elles existent. Cela fera peut-être l’objet d’une prochaine étude et d’un prochain papier ?

[2] Boltanski L. et Chiapello E. (1999)., Le Nouvel Esprit du Capitalisme, Gallimard

[3] Chiapello E. (2013)., Capitalism and its criticisms, chapter 3, in: New spirits of capitalism, Glenn Morgan and Paul du Gay (Eds), 2013, Oxford U.P., pp.60-82

[4] Lire par exemple Hans Jonas, Le principe de responsabilité (1979)

[5] Lire par exemple Arne Naess, Ecologie, communauté et style de vie (1989)

[6] Gilligan, C. (1982). In a different voice: Psychological theory and women’s development. Harvard University Press.

[7] Frédéric Le Play, (1864), La réforme sociale en France

[8] Léon XIII, (1891), encyclique Rerum Novarum

[9] Relire à ce sujet Charles Baudelaire et notamment « La muse vénale », Les fleurs du mal (1857) ou « Le monde va finir… », Fusées (1867).

[10] Marcuse H. (1964)., L’homme unidimensionnel.

[11] Klein N. (2000), No Logo

COVID-19 x Virus du Travail : Travailler autrement, enfin ?

Temps de lecture estimé : 2 min.

Après avoir abordé ensemble, en début de semaine, le futur des valeurs de sociétédu système de santé et hier, la crise écologique que révèle COVID_19, je vous ai proposé aujourd’hui de vous exprimer sur les nouvelles manières de travailler que cette crise permet ou rend nécessaires.

TRAVAILLER AUTREMENT... TRAVAILLER MIEUX ?

Précision utile : les 22 répondants du jour sont en majeure partie des cadres et professions intellectuelles supérieures. Ne pensons pas que ces réponses représentent l’ensemble de la population, ce n’est évidemment pas le cas.

Je note une forte différence dans la tonalité des réponses selon que les personnes interrogées ont des enfants au foyer ou non :

  • pour les premiers, du stress, de la colère, le sentiment plus ou moins agréable d’être “devenue maîtresse d’école*, c’est sympa”.
  • pour les seconds, du temps pour soi et pour les autres. C’est par exemple mon cas, même si, contrairement à l’un d’entre vous, je ne vais pas jusqu’à dormir plus de 9h par nuit 😉

*l’occasion de revaloriser enfin ce joli métier?

Pour tous, on note quelques vraies raisons de se réjouir puisqu’on gagne le temps consacré habituellement aux transports et que nous prenons le temps, enfin, de demander à ses collègues comment va la santé… et d’écouter vraiment la réponse.

Attention, pour certains, le travail à la maison ne signifie apparemment pas un rythme plus humain.

A ce sujet, une courte anecdote. Lors d’une expérience professionnelle au Bangladesh, j’ai réalisé un achat d’ordinateurs portables pour plusieurs cadres. En 2008, c’était nouveau 😉 Quelques jours plus tard, j’ai trouvé l’un d’eux plutôt somnolent en réunion… Il m’a avoué que la tentation de travailler chez lui le soir était plus forte que son envie de dormir.

TRAVAILLER SOUS LE COUP DE L'EMOTION

Nous vivons une période exceptionnelle, propice à l’éclosion de nos émotions… Emotions dites “négatives” = stress, fatigue, fébrilité, sentiment carcéral, frustration… ou au contraire, des émotions dites “positives” comme le repos, solidarité, amour, spiritualité…

Mon conseil, qu’elles soient négatives ou positives, ne cachez pas ces émotions, évoquez les avec vos collègues, votre équipe, votre patronne. Ou votre patron, si c’est un homme, bien sûr.

CE QU'ON DOIT VOUS SOUHAITER POUR LES PROCHAINS JOURS ?

Parce que le bien-être au travail, c’est le début du bonheur (et donc de la performance aussi, tous les bons DRH le savent !), j’ai voulu savoir ce dont vous auriez besoin pour travailler encore mieux dans le futur .

Il est assez clair et compréhensible que vous ayez besoin de sécurité d’abord… Savoir que votre santé, votre vie et celle de ceux que vous aimez n’est pas menacée. C’est la base de la pyramide de Maslow, on le vérifie bien en ce moment. Pour ceux qui ne travaillent plus, vous avez besoin de savoir que vous allez pouvoir reprendre le travail. Est-ce bien étonnant? Voir à ce sujet, l’annonce faite aujourd’hui par le groupe Danone de la garantie des emplois pour les 3 prochains mois.

Puis, vous avez besoin de bouger, faire du sport… Je note de nombreuses mentions autour du lien social, la chaleur humaine. Enfin, certains aimeraient plus de temps pour profiter vraiment de la vie domestique.

Hannah Arendt, dans la Condition de l’homme moderne (1958) nous a aidé à faire la distinction entre les différents types d’activités humaines. Le travail d’abord (besoin de sécurité et de reproduction), puis l’oeuvre (ce qui reste après notre mort) et l’action enfin (action politique).

Ne serions-nous pas plus heureux, meilleurs et plus pertinents si nous pouvions vivre ces trois types d’activités au quotidien?

“En fait, ce n’est peut-être pas un problème d’être moins productifs. Car on est probablement plus pertinents!”, comme le note l’un d’entre vous.

Demain, le dernier sujet de la semaine des alternatives concrètes sera le lien social et la chaleur humaine. Annonce prévue à 7h du matin – “stay tuned”.

Jean.

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