Kafka, après Spinoza et quelques autres l’ont déjà mis en évidence depuis bien longtemps. Pour Kafka, les yeux sont les fenêtres de l’âme et le Spinoza de l’éthique nous rappelle souvent que le corps n’est qu’une manifestation de l’esprit et inversement.

La conception dualiste est morte depuis longtemps.

La conception dualiste est morte depuis longtemps.

La psychanalyse a achevé de nous convaincre de la question. Le corps mécanique détaché de l’esprit des savants du XIXème siècle qui croyaient à l’animal machine est un leurre. Le corps, selon la belle formule de Merleau Ponty est un corps vécu. 

Pour le dire plus simplement – mais moins justement aussi sans doute – le corps est un reflet de l’esprit et l’esprit un reflet du corps.  En effet, ce qui est trouble dans ma tête à un moment se manifeste d’une manière ou d’une autre dans mon corps. A l’inverse, nous savons depuis longtemps que les corps communiquent par leurs inconscients respectifs. Nous savons que les corps se parlent et qu’ils échangent entre eux de mille manières.

Ces corps sont porteurs d’une mémoire que l’esprit de l’un ne sent pas mais que le corps de l’autre peut capter sans même le savoir. Il le perçoit sans l’apercevoir.

Partant de cette idée, pouvons-nous émettre l’idée que d’aucuns pourraient trouver saugrenue que cette pandémie qui nous touche si durement ne serait que le reflet de cette crise profonde que nous traversons depuis que le monde post-moderne s’est installé, avec son impossibilité à faire le clair sur les concepts les plus fondamentaux et surtout avec cette incapacité que nous aurions à sortir des ténèbres sur des questions centrales et fondatrices ?

Certains ne sont pas loin de le penser et il me semble que nous devrions nous pencher sur cette suggestion féconde.

Cette crise sanitaire n’est pas qu’une crise du corps. Elle est sans doute la marque du malaise de l’esprit qui est si prégnant dans nos sociétés et que faute d’un divorce trop grand entre le monde des acteurs et le monde des penseurs, le monde des gouvernés et celui des gouvernants, le monde de l’un et le monde l’autre, nous n’avons pas su soigner.

Nos concitoyens le savent et ce n’est sans doute pas par hasard, paraît-il, que les ventes du livre de Camus, La peste, sont montés en flèche dans notre pays ces derniers jours.